Âgée de 36 ans aujourd’hui, Sophie a commencé sa reconversion il y a… 12 ans ! Ergothérapeute par dépit, la jeune femme s’est vite détournée de la voie médicale pour tenter d’embrasser le métier de notaire. Comment passer du « bien » aux biens.
Aujourd’hui, Sophie respire, elle ne va plus au travail la trouille au ventre, avec l’envie de rebrousser chemin. « Au départ, j’ai fait médecine, je voulais être dentiste. J’ai planté ma première année, et la seconde première année, j’ai raté mon entrée à 20 places près ! Et comme les concours de kinésithérapeute se déroulaient pendant les examens de médecine, je me suis tournée vers les deux autres concours que je pouvais faire avant la prochaine rentrée : ergothérapeute et orthophoniste. Le problème, c’est que le concours d’ergo était en juillet, l’orthophonie était en septembre et pour ergo il fallait rendre une réponse immédiate. »
La pression de l’entourage
Elle n’a que quelques jours devant elle pour décider de son avenir. « J’ai suivi une ergothérapeute sur le terrain une journée, j’ai croisé des traumatisés crâniens, je me sentais mal, mais mon entourage m’a convaincue en m’expliquant qu’on ne soignait pas que les traumatisés avec l’ergothérapie. Alors j’ai dit oui. » Si Sophie ne s’est pas vraiment écoutée, c’est aussi la cause d’une pression familiale : elle a déjà fait deux ans d’études « pour rien », ses parents se séparent, son père est au chômage. En gros, comme elle l’explique, « je ne pouvais pas m’amuser à reprendre un cursus dans une autre branche. » Pourtant, elle pense déjà à étudier le droit, mais beaucoup lui expliquent que « la première année se repique obligatoirement ». Alors 4 ans de premières années, ça ferait un peu trop !
Un cheminement rapide
Les études d’ergothérapie commencent, Sophie sent bien que ça ne lui convient pas mais coûte que coûte, elle maintient le cap. Des cauchemars la réveillent en pleine nuit, des problèmes de santé se déclarent même à cette période. Pourtant, une fois le diplôme décroché, Sophie travaille effectivement en tant qu’ergothérapeute. Deux ans. Deux petites années avant de décider que vraiment, elle ne tiendrait pas toute une vie professionnelle dans cette branche. A cette époque, son petit ami est… notaire. Elle le voit passer et réussir l’examen d’entrée, et finalement, décide d’entamer enfin ces fameuses études de droit dont elle rêvait. Au départ, la transition se fait sagement dans sa tête : elle s’imagine conserver un pied dans le monde hospitalier en devenant, par exemple, directrice d’hôpital.
Combiner études et travail
« Je me suis inscrite en DEUG de droit tout en continuant à travailler. J’avais 12 semaines de congés payés et tous mes mercredis après-midi, ce qui me laissait largement le temps de potasser mes cours. Et j’ai toujours fait comme ça : combiner études et travail, sans jamais m’arrêter. Je n’allais qu’aux TD [travaux dirigés] les soirs et le samedi matin, pour le reste je récupérais les cours théoriques. » Et finalement, cette première année de droit qu’on ne pouvait soi-disant réussir qu’en la redoublant, elle l’obtient du premier coup !
Coup de chance
En tout, Sophie travaillera 4 ans en tant qu’ergothérapeute. Une fois son deug en poche, des notaires, connaissance de la famille, acceptent de la prendre en tant que « clerc stagiaire » même si ses connaissances sont limitées. « Un gros coup de bol, aujourd’hui avec la crise, je ne suis pas sûre que j’aurais pu franchir le pas si facilement. » Nouveau travail, nouveaux repères à trouver, d’autant plus que Sophie doit défricher nombre de dossiers et à chaque fois, autant de problèmes juridiques qu’elle n’a encore jamais abordés. Un véritable apprentissage de terrain. « Avec tous ces changements, j’ai mis deux ans pour obtenir ma licence. Ça faisait beaucoup d’un coup ! ».
Marjolaine Koch
Bonjour,
Je suis actuellement en pleine reconversion professionnelle, le cas de Sophie m’intéresse beaucoup, je souhaiterais échanger avec elle, comment puis-je là joindre. Svp merci
Cordialement. Océane
Bonjour. 26 ans, juriste d’affaires, un master 2 en droit des affaires, plusieurs stages en cabinet, 3 ans d’expérience en entreprise… et j’ai vu sur bcp de sites que pas mal de juristes, RH, commerciaux, informaticiens (25, 28, 32, 40 ans…) se reconvertissaient dans une autre branche. Moi je ne supporte plus le domaine juridique, car:
– beaucoup de pression;
-pas toujours bien payé sauf si on est dans une bonne boîte et encore… vu le nombre d’étudiants en droit et ceux qui cumulent droit et école de commerce (ex: une connaissance master 2 en droit des affaires à la sorbonne + diplôme d’avocat en poche pour avoir plus de chance d’être recruté et avoir un bon salaire (eh oui ça joue)=> au final 7 ans d’étude+ une prépa IEJ et une prépa d’été à environ 2000€) = 1 an de chômage. Travail actuel 1800€ net) ;
– Concurrence entre collègue et beaucoup d’hypocrisie surtout en open space;
– On nous demande 4-5 ans d’expérience alors qu’on vient tout juste d’obtenir notre diplôme;
– On ne gravit pas les échelons aussi vite (dans une scté on a une directrice juridique et ou un responsable juridique et des juristes qui veulent tous être promu);
– La mentalité de ceux qui ont fait du droit et qui se sentent supérieurs (on le voit déjà à la fac dès le master 1).
Mais j’ai quand même des amis qui sont épanouis dans ce domaine, donc tout dépend ce que l’on recherche d’un point de vue professionnel. Eux ont choisi d’être avocat et d’être par la suite à leur compte.
Pour ma part, j’ai ce besoin d’avoir un contact avec autrui, d’aider les autres, et dans ma profession je protège juste les intérêts de la boîte. Alors j’ai décidé de passer le concours d’orthophoniste l’année prochaine, après longue et mûre réflexion. J’ai été poussé par mes parents dans le domaine juridique car je ne savais pas trop où aller… et dire qu’on fait du droit ça fait « classe »… c’est après que l’intérêt pour l’orthophonie s’est révélé. Certains pourront certainement l’interpréter comme un caprice, mais je préfère me décider maintenant plutôt que continuer à être mal à l’aise au travail, déprimer ou tout simplement me faire virer parce que mon employeur. Je ne veux pas non plus être avocate.
Je dis juste ce que je sais et voit de mon point de vue, mais après, il y a des gens très épanoui, et j’espère que ceux qui iront dans cette voie le seront aussi et je vous le souhaite: aimer ce que vous faîtes.
Bravo Sophie pour ta reconversion. Notaire c’est bien comme métier en plus tu peux te mettre à ton compte et si ça te plaît alors tu perceras dans ce domaine.
Intéressant comme parcours
Il y avait aussi la solution de devenir ergothérapeute expert en réparation juridique…ce qui combinait les deux compétences. Mais rien n’est jamais perdu!
C’est une belle histoire de vie…
C’était courageux de maintenir une activité en parallèle de la fac de Droit…
J’aimerai me reconvertir au métier d’ergothérapeute tout en maintenant une activité professionnelle à côté, pensez vous que c’est possible? Pas toujours évident quand on sait ce qu’on veut faire mais que l’on ne sait pas comment on peut y arriver…
J’espère trouver un peu d’aide sur ce site
Je suis en première année de droit, et cela me fait tout drôle de reprendre des études, exigentes et difficiles; je suis kiné , ne peux plus exercer physiquement, et j’avais envie de changer pour un métier juridique, en lien avec l’immobilier;
on nous demande, après une journée et demi de cours de produire déjà des dissertations juridiques, analyses poussées sur des domaines que je ne connais pas; malgré les indications, il va falloir s’accrocher…
Bonjour!
Je souhaiterais pouvoir contacter SOphie car je suis dans la même situation…
Orthophoniste en pleine reconversion en vue de devenir notaire!!! Grand écart aussi…
J’aimerais beaucoup échanger avec elle, serait-ce possible?
Je suis ergothérapeute également, mais je suis dans une situation de changement. Je vais aussi arrêter ce métier (10 ans d’exercice et me reconvertir après un bilan de compétence. Merci de ce témoignage, nous sommes vraiment des « cas rares » dans cette branche.
Bonne continuation
Merci Sophie pour ces conseils.
Le concours de greffier change cette année. Les épreuves en sont donc modifiées.
Pour l’épreuve de droit, on doit choisir entre le droit civil, procédure civile, droit pénal, procédure pénal, droit du travail, procédure prud’homale. Donc je vais choisir un domaine et travailler dessus pour le connaître sur le bout des doigts. Je vais également essayer de prendre contact avec des greffiers pour mieux me préparer aux épreuves. Résultats en avril 2011 !
@Aline : j’espère que ces conseils vous éclairent. N’hésitez pas à nous faire part de l’avancée de votre projet.
@Sophie : mon constat vient du fait que dernièrement et suite à votre portrait, certains m’ont fait part de leur étonnement quant à un projet dans ce sens. Et m’ont dit avoir plutôt constaté le souhait de beaucoup de s’orienter vers des métiers du soin ou du social que vers des métiers considérés comme plus administratifs ou institutionnels. Votre parcours est la preuve bien au contraire qu’il n’y a pas de parcours type, mais bel et bien des histoires particulières qui sont le fruit des aspirations de chacun ou de leur expérience. Merci d’insister d’ailleurs sur ce point grâce à votre exemple. Et merci d’avoir pris le temps de répondre à Aline.
@aline :
Je pense que tu devrais peut-être commencer par contacter l’école nationale des greffes de Dijon pour te renseigner sur le cursus et les moyens de réussir le concours.
Il doit y avoir possibilité de contacter d’anciens (ou actuels) étudiants pour qu’ils te donnent des informations sur le niveau du concours, voire des annales…
D’après ce que j’ai pu en lire, le concours de recrutement de greffier (concours du ministère de la Justice) est ouvert aux bacheliers mais en réalité, il est rare de réussir au concours sans être au moins titulaire d’un bac + 2 en droit (L 2, DUT carrières juridiques, BTS, deust …) voire d’une licence.
Le concours de greffier en chef est réservé aux diplômés d’un IEP ou d’une licence en droit (cadre A)
Une fois réussi, tu suivras un an de formation à l’École nationale des greffes de Dijon.
Au delà des qualités personnelles que requiert le poste, il te faudra tout de même une solide base juridique, c’est pourquoi selon moi, une licence en droit est la première étape à franchir…
Pour cela et si tu es motivée, il est possible de s’inscrire à la fac et de continuer à travailler car les horaires des travaux dirigés sont en général aménagés pour les salariés. Cependant, il te faudra reprendre (et comprendre!) les cours magistraux auprès d’un élève « étudiant » à temps plein, ce qui nécessite du travail personnel, mais c’est faisable si tu acceptes de mettre tes loisirs entre parenthèses 🙂
Le tout est de ne pas se décourager. Si c’est trop difficile pour toi tu peux toujours tenter d’obtenir un Congé Individuel de Formation (CIF) mais il y a des conditions (tu peux te renseigner auprès d’un organisme FONGECIF pour cela) et il ne pourra pas t’être accordé pour les trois années jusqu’à la licence…
Voilà, si tu as d’autres questions, n’hésite pas !
@yves : je ne crois pas que les gens aspirent plus à être ergothérapeute que notaire… ni l’un ni l’autre sans doute !
Le handicap fait encore peur à beaucoup de gens et peu se sentent capables de l’affronter et d’accompagner les personnes handicapées comme elles le méritent. J’ai fait ce choix parce-qu’à mon sens, je n’étais plus assez impliquée dans mon travail pour pouvoir apporter à mes patients tout ce dont ils avaient besoin.
@Aline : Sophie vous répondra à vos questions d’ici quelques jours. Patience…
@Martha et Pierre : beau parcours en effet. On pense d’ailleurs souvent qu’on aspire plus à devenir ergothérapeute que notaire. Et bien non. La preuve par Sophie ! Tout projet a du sens s’il répond aux aspirations et correspond au profil de la personne qui fait le choix.
Ce témoignage donne envie de s’y mettre aussi. Je dois effectivement potasser le droit pour réussir ma reconversion professionnelle. Est-ce possible de pouvoir en discuter avec Sophie ? Comment la contacter ?
Ca donne la pêche et l’envie de croire en mes projets. Merci.
Parcours exemplaire ! Quelle énergie. Bravo à Sophie qui a su trouver la force d’aller vers ce qui lui plait.