Comédienne, chanteuse et irrésistible chroniqueuse à la radio, Trinidad a démarré par hasard. Depuis, la flamme ne s’éteint plus. La drôle de dame raconte.
Trinidad a tout d’une Parisienne pur jus. Née à l’Hôtel Dieu, elle a vécu rue des Rosiers. Elle serait même baptisée à Notre-Dame. Difficile pourtant de renier ses racines ibériques. Gamine, elle passe trois mois chaque été en Espagne. À la maison, ses parents et ses 5 frères et sœurs parlent espagnol. « Mais ce sont surtout les autres qui m’ont fait prendre conscience de ma double identité. Quand j’allais en Espagne, on m’appelait la Française. Ici, j’étais l’Espagnole. » Son père choisit de vivre en France plutôt que de rester sous le régime de Franco. « C’est lui qui nous a fait prendre conscience de la chance d’habiter dans un pays où il est si facile d’accéder à la culture et à la liberté. » C’est aussi lui qui l’encourage à poursuivre ses études.
Audition chez Mireille
La psycho la tente. « On me disait que c’était casse gueule alors je me suis inscrite en BTS de secrétariat trilingue. » Malgré ses bons résultats scolaires, le lycée rejette sa candidature. « Je me suis donc illico engagée en psycho. » Jusqu’à la maitrise qu’elle décroche. Et le spectacle ? « J’ai démarré en classe de 5e. Dès que j’ai mis un pied sur scène, j’ai su que c’était ma voie. » C’est grâce à un ami que tout s’enclenche. Flippé, il l’appelle pour lui demander de l’accompagner à une audition chez Mireille, célèbre compositrice connue pour son Petit conservatoire. Du haut de ses 18 ans, elle intervient sans aucune arrière-pensée pour répondre à une question qui ne lui est pas adressée. « Vous chantez ? lui lance Mireille, alors montrez-moi ! » Visiblement amusée par la prestation, Mireille lui propose de revenir.
Sauvée par Michel Berger
Elle passe plusieurs mois sans chanter. « On apprend beaucoup en regardant », lui explique la prof. Un jour l’élève présente un sketch qu’elle vient décrire. Et tout le monde rit. Mireille aussi : « Vous voyez, vous êtes comédienne ! » Plus tard, Trinidad prend des cours de théâtre, puis commence à jouer dans de petites salles, passe à la télé dans les émissions La Classe ou Les habits du dimanche. Mais quand son père décède, le poids des responsabilités pèse sur elle. Elle opte alors pour un « vrai travail ». En 1989, elle décroche un poste de secrétaire trilingue dans une agence de pub. Trois années après, très malheureuse, elle réagit enfin. « J’ai été sauvé par Michel Berger ! » À l’annonce de sa mort, elle se dit : « Moi qui chantais, Résiste ou Tout pour la musique quand j’étais petite… mais qu’est-ce que je fais là ? » Elle décide de quitter son job.
D’Almodovar à Bern
Pendant un an, elle enchaîne les boulots en intérim et renoue en parallèle avec le milieu du spectacle. Puis en 1993, repérée par le directeur du théâtre Le Lucernaire, elle remonte sur les planches. S’en suit Femme au bord des talons aiguilles qu’elle coécrit, et que Pedro Almodovar soutient. En 2003, après un passage à vide, elle monte trois représentations d’un nouveau spectacle au café de la gare. Grâce à cela, France inter lui propose d’intégrer Le fou du roi, l’émission animée par Stéphane Bern. Malgré des difficultés ponctuelles, Trinidad sait qu’elle ne s’est pas trompée de voie.
Ne ratez pas Et pendant ce temps, Simone Veille…,
spectacle percutant et hilarant écrit par Trinidad et formidablement interprété par elle-même et trois autres excellentes comédiennes, Fabienne Chaudat, Serena Reinaldi et Agnès Bove.
RDV du 26 AVRIL AU 26 JUIN 2016 (relâche exceptionnelle le 10 mai), du mardi au samedi 21h et le dimanche à 15h au Studio Hebertot