Une étude montre que les demandeurs d’emploi qui parviennent à se détacher psychologiquement une fois par semaine de leur but décrochaient davantage d’entretiens d’embauche. Aller au café avec des amis, un exemple de pause utile.
Serge da Motta Veiga, EDHEC Business School
Wikimedia commons, CC BY-SA
Dans de nombreuses activités, y compris les études, le travail ou même la recherche d’un emploi, les individus ont besoin de faire des pauses afin de reconstituer leur niveau d’énergie. Lorsque l’on fait des efforts pour atteindre divers objectifs, de l’énergie physique et mentale est nécessaire, et ces niveaux d’énergie ne sont pas infinis.
En ce qui concerne les activités professionnelles, plusieurs recherches s’accordent sur les effets positifs des activités de récupération au travail (par exemple, les pauses pendant la journée), des activités de récupération hors travail (l’exercice physique), des expériences de récupération hors travail (un détachement psychologique par rapport aux tâches professionnelles), ou, bien entendu, des activités sociales (passer du temps avec la famille et les amis) sur le bien-être des employés.
Or, les distractions et les pauses peuvent être réparatrices non seulement pour les activités professionnelles, mais aussi pour d’autres activités fatigantes de la vie quotidienne. La recherche d’un emploi est en ce sens une activité importante, à laquelle chacun·e est confronté·e une ou plusieurs fois au cours de sa vie.
Un détachement essentiel
En effet, rechercher un emploi est un processus potentiellement éprouvant, qui implique un nombre important de refus, des moments particulièrement stressants (par exemple, les entretiens), ainsi que beaucoup d’efforts et de résistance pour atteindre le but ultime de trouver un emploi. En d’autres termes, la recherche d’un emploi est un processus qui prend du temps et consomme beaucoup d’énergie mentale et physique.
Des recherches ont été menées dans différents domaines pour déterminer si et comment les niveaux d’énergie s’épuisent et si et comment ils peuvent être reconstitués. L’épuisement et la reconstitution de l’énergie dans la recherche d’emploi ne sont pas différents.
Dans une étude récente, mes co-auteurs et moi avons constaté que lorsque les demandeurs d’emploi parviennent à se détacher psychologiquement de leur recherche sur une base hebdomadaire, ils se sentent reconstitués, revigorés, et finissent par fournir plus d’efforts et obtenir un plus grand nombre d’entretiens.
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Une autre façon d’interpréter les résultats de notre étude est qu’il est important de faire des pauses, de se distraire de la recherche d’emploi et de ne pas en faire une activité à plein temps. Comme pour de nombreuses autres activités, il est essentiel de reconstituer ses ressources épuisées pour réussir.
C’est pourquoi nous avons recueilli des données supplémentaires pour voir quel type de pause les chercheurs d’emploi, en l’occurrence les étudiants à la recherche de leur premier emploi à temps plein, faisaient. Ils prennent des pauses dont la durée varie, allant de pauses très courtes plusieurs fois par jour, comme envoyer des SMS à des amis ou à la famille, à des pauses plus longues de 20 à 30 minutes, comme regarder un épisode d’une série.
Sports et jeux vidéo
Nous avons constaté que les pauses les plus courantes consistaient à regarder la télévision/des séries/des films/des vidéos YouTube, à jouer à des jeux (vidéos) et à dormir.
Par exemple, une participante a déclaré qu’au cours d’une semaine importante de recherche d’emploi, qu’elle avait « essayé de nouveaux cafés, vu des films avec des amis et s’est promenée en ville pendant les jours les plus agréables ». Un autre participant a indiqué qu’il avait « passé du temps à apprendre à programmer », car il prévoit de « développer en parallèle une idée d’application » ; il a également déclaré « jouer à une tonne de jeux vidéo et aller à la salle de sport ».
Pour une autre participante, cependant, ces pauses n’ont eu lieu qu’après avoir reçu une première offre ferme : « j’étais tellement excitée d’avoir enfin obtenu ma première offre que j’ai passé beaucoup plus de temps que d’habitude cette semaine-là à me détendre avec des amis. Je me suis reposée plus que d’habitude et je me suis sentie plus soulagée que jamais par rapport à ce processus. Je passe encore des entretiens avec d’autres entreprises, mais j’ai pris le temps de me détendre en écoutant de la musique et en rattrapant certains contenus Netflix que j’avais manqués à cause de ma recherche d’emploi et d’autres obligations ».
Globalement, faire des pauses, sous différentes formes, peut être bénéfique pour se détacher mentalement de la recherche d’emploi, tout en donnant à l’esprit et au corps le temps de refaire le plein d’énergie.
La voie de l’humour
Dans un autre travail, j’ai proposé qu’une de ces distractions, ou une façon de se détacher mentalement du stress de la recherche d’emploi est l’humour. En effet, rire peut agir comme un mécanisme de soulagement du stress, et pourrait donc être un comportement qui aide à réduire celui associé à la recherche d’emploi.
Par exemple, les individus concernés pourraient partager leurs mauvaises expériences de façon humoristique avec d’autres chercheurs d’emploi ou des services d’orientation professionnelle afin d’apprendre de leurs erreurs tout en riant d’eux-mêmes (c’est-à-dire en se distrayant…). Ces idées s’alignent avec les travaux sur l’humour en entreprise réalisés par le Dr. Vanessa Marcié, dont notamment son article sur l’humour comme mécanisme d’adaptation durant les crises.
En résumé, prendre du temps libre ou se déconnecter est essentiel pour réussir, en l’occurrence pour réussir sa recherche d’emploi. Quel que soit le type de pause que les demandeurs d’emploi choisissent de prendre, elle les aidera à récupérer et à se revigorer. Et cela a un impact direct sur leur recherche d’emploi, tant en termes d’efforts que de réussite.
Il est également important de noter que ces pauses peuvent varier en durée et en type de pause, mais qu’elles aident in fine à se distraire. Pour certains, ce sera de rire avec des amis ou d’autres chercheurs d’emploi. Pour d’autres, ce sera de regarder la télévision ou de jouer à des jeux vidéo.
Serge da Motta Veiga, Professeur en Gestion des Ressources Humaines, EDHEC Business School
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.