Si les applications pour apprendre l’anglais sur smartphone n’offrent pas de suivi personnalisé aux élèves, elles les aident à surmonter certains blocages.
Les applications permettent d’intégrer certains réflexes grammaticaux.
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Fernando Rosell-Aguilar, The Open University
Plébiscitées sur toutes les plates-formes de téléchargement du monde, les applications dédiées à l’étude de langues étrangères sont censées révolutionner l’apprentissage des langues. Elles permettent de s’entraîner sur des points de grammaire et peuvent être un moyen très gratifiant d’enrichir son vocabulaire. Mais leur efficacité fait débat, surtout en ce qui concerne des compétences comme l’expression écrite ou orale.
Parmi les applications d’apprentissage des langues les plus populaires, on peut citer Duolingo et Busuu. Cependant, la plupart des recherches sur ces outils prennent en compte des étudiants qui sont aussi inscrits à des cours classiques de langues, en parallèle de l’usage de ces applications, ce qui biaise les résultats.
Ma récente étude auprès de 4 095 utilisateurs de Busuu a permis de mieux cerner le public de ces applications, la manière dont ils les utilisent et ce qu’ils pensent de ce mode d’apprentissage. Je voulais déterminer également dans quelle mesure l’on peut apprendre une langue en se servant d’une application.
Une aide informelle
Busuu propose des programmes pour douze langues différentes et revendique 60 millions d’inscrits. Il a un modèle « freemium », avec une partie de son contenu disponible gratuitement, l’autre accessible par l’intermédiaire d’un portail payant.
La recherche a mis en avant une nette différence dans les pratiques des femmes et des hommes et révèle que plus de la moitié des utilisateurs sont âgés de 18 à 25 ans. Plus de la moitié se considèrent comme des débutants et leur utilisation de l’application diminue à mesure que leur niveau s’élève. La plupart y ont recours par intérêt personnel, pour préparer leurs vacances, progresser dans un contexte professionnel ou pour étudier ou vivre à l’étranger.
Les réponses concernant la fréquence et la durée d’utilisation de l’application ont montré que la plupart des gens s’en servent plusieurs fois par semaine, pendant 15 minutes environ. Il est apparu que les femmes ont tendance à les utiliser moins souvent, mais pendant des périodes plus longues que les hommes. C’est un aspect qui avait déjà été relevé dans de précédentes études.
Le recours à des applications est plutôt vu comme une activité d’apprentissage informelle. En effet, les deux tiers des gens disent les utiliser dès qu’ils ont un moment libre, tandis que l’autre tiers prévoit des sessions bien planifiées – ce qui suppose un apprentissage plus formel.
Des participants satisfaits
Une application ne permet en général que d’avoir un retour assez limité sur sa progression, puisqu’elle se contente d’indiquer si l’on a donné une bonne ou une mauvaise réponse. Même si c’est une information utile, cela n’a rien à voir avec le suivi personnalisé que recommandent enseignants et chercheurs, car l’élève ne saura jamais vraiment pourquoi il s’est trompé.
Pourtant, même si Busuu se contente de ce suivi superficiel – sans renvoi à quelque leçon de grammaire que ce soit – la correction qu’elle fournit a été particulièrement bien évaluée par les participants. Plus de 75 % d’entre eux considèrent qu’elle est efficace ou très efficace.
Les utilisateurs sont aussi très satisfaits du cadre d’apprentissage offert par l’application – plus de 92 % des personnes interrogées disent que l’application a répondu ou même dépassé leurs attentes, et 86 % la jugent bonne ou très bonne. En fait, plus de 82 % des participants à l’enquête reconnaissent que l’utilisation d’une application les a aidés à améliorer leur connaissance de la langue étudiée.
Le droit de se tromper
Les résultats de cette étude montrent que les applications fournissent un service apprécié de leurs utilisateurs. Le fait que le temps passé sur ces applications soit perçu comme utile montre à quelle vitesse ces outils se sont imposés.
L’enseignement des langues mettant de plus en plus l’accent sur la communication, les étudiants se tournent vers des applications de ce genre où ils peuvent s’entraîner et se tromper sans risque, dans un cadre privé.
Cet environnement rassurant, où les erreurs ne sont connues que de l’utilisateur peut être une réponse à l’angoisse de performance qu’éprouvent nombre d’élèves quand on leur demande de parler dans une langue étrangère. De ce point de vue, les enseignants ne devraient pas se sentir menacés par ces applications. Au contraire, ils devraient encourager leurs étudiants à les utiliser pour faire les exercices répétitifs de grammaire, ce qui laisserait plus de temps aux échanges en classe.
Article traduit par Aurélie Djavadi
Fernando Rosell-Aguilar, Senior lecturer in Spanish and Open Media Fellow, The Open University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.