Françoise Cordaro, 56 ans, vit dans le Maine-et-Loire. Elle était cuisinière et aimait ça mais à 49 ans, elle a eu un accident de travail. Après un an de réflexion, elle s’est lancée dans un projet de relecture et correction en direction de l’édition. Aujourd’hui, elle a ses clients réguliers et refuse même du travail !
« J’aimais bien mon petit restaurant que j’avais monté avec deux associés. Il y avait la bonne ambiance de travail, la clientèle, l’énergie… Cela reste une belle période malgré la fatigue. Elle aurait pu continuer ainsi si je n’avais pas eu un accident du travail qui a entrainé mon inaptitude professionnelle. J’ai mis un an pour réfléchir à la suite : j’avais trois enfants à nourrir et leurs études à payer, il était donc inconcevable de rester inactive. Comme j’étais limitée physiquement, il fallait que je trouve un travail sans station debout prolongée. J’avais fait des études de lettres. J’étais douée en français. Je me suis lancée dans un projet de sous-traitance dans l’édition. Cette envie a émergé rapidement. J’avais des contacts dans ce milieu et j’ai pensé que ça m’aiderait à démarrer ma nouvelle carrière. J’ai créé une structure de prestataires externes intégrant des free-lances, traducteurs et correcteurs d’édition, implantés dans toute la France.
Des débuts prometteurs
J’ai démarché les maisons d’éditions, entreprises et institutions pour leur proposer un service éditorial multi-prestations afin de traiter de gros travaux dans des délais rapides. La Chambre d’agriculture d’Angers avait besoin de traduire et relire des centaines de petites fiches d’informations pour ses salons internationaux à distribuer aux clients du monde entier. J’ai sous-traité les traductions en anglais, allemand, italien, japonais, chinois, arabe et russe. J’ai aussi fourni un service de correction externe pour un éditeur de guides touristiques. A titre individuel, je fais des travaux de relecture pour des maisons d’édition et j’ai quelques missions de rédaction pour des sites Internet. Côté démarches, elles étaient limitées car j’étais déjà inscrit au registre des entreprises. Pour le reste, j’ai appris sur le tas. J’ai passé des nuits blanches à potasser les ouvrages techniques de l’édition, à apprendre par cœur les règles typographiques, bref, j’ai suivi ce qu’on appelle une autoformation. Pour la partie communication, un ami lui-même prestataire dans ce domaine m’a donné un bon coup de main. J’ai sous-traité la tenue de mes comptes auprès d’une comptable qui m’a conseillée sur les choix à faire en matière de déclarations de revenus, sur la législation des prestataires externes, etc. Les allocations chômage perçues pendant 18 mois m’ont aidée à vivre en attendant de démarrer sérieusement. Puis j’ai finalement laissé tomber ma boîte pour devenir correctrice professionnelle. J’ai mes clients réguliers depuis plusieurs années, et j’ai un travail à plein temps qui me permet de bien gagner ma vie. Je refuse même du travail ! Le plus gros obstacle a été de pénétrer le milieu. Difficile de se faire connaître et de décrocher les premières missions. J’ai beaucoup utilisé les réseaux tels que LinkedIn ou Viadeo, plateforme avec laquelle j’ai décroché de belles missions. J’ai pris des contacts et des rendez-vous autour d’un café plutôt que de rester derrière un écran.
Ses conseils pour réussir
Avant de démarrer, il faut d’abord chercher dans un coin de sa tête quel rêve ou envie on porte et voir si cela correspond à une niche d’activité ou au besoin réel d’une clientèle. On peut désirer exercer un métier mais s’il ne correspond pas à l’époque ou aux besoins, ça ne marche pas. De mon côté, j’avoue avoir foncé tête baissée. J’ai tout juste cerné le type de clientèle que je pouvais toucher. C’était un peu risqué certes, mais j’avais les expériences antérieures à mon actif. A l’époque, la BGE (Boutique de gestion, réseau national d’appui aux entrepreneurs) m’avait mise en garde sur ce projet et même déconseillée de le réaliser. Il ne faut pas avoir peur. J’ai fait mentir ceux qui me disaient que ça n’allait pas marcher. En outre, j’ai l’impression qu’à présent, l’avenir appartient à ceux qui créent leur emploi. Au final, j’ai adoré cette période de chômage. J’ai pu me reposer et réfléchir sans stress à l’avenir et commencer à me former pour mon futur métier. Ça m’a coûté beaucoup d’énergie au départ mais qui a très vite payé. Pour moi, le changement a été vraiment radical. Je suis passée d’une cuisine de restaurant à un bureau à la maison. Du coup, ma vie de famille a été aussi beaucoup plus sympa pour mes enfants ! J’exerce à présent un métier passionnant. J’ai le nez dans les livres à longueur d’année. C’est un enrichissement culturel irremplaçable. Je reste chez moi, alternant travail et entretien de mon potager. J’ai une vie équilibrée. Je choisis mes heures et jours de boulot, bref, la vraie liberté ! Mes enfants sont heureux de me voir réussir. Aujourd’hui ils sont grands et indépendants. Ma vie est donc encore plus tranquille puisque j’ai moins de pression financière. Je choisis mes missions et je me permets même le luxe d’en refuser. Bref, la vie est belle… »
Merci pour votre témoignage très encourageant!