Créateur de l’émission à succès Rendez-vous en terre inconnue, Frédéric Lopez s’éclate aujourd’hui, le fruit d’un solide travail de remise en question. Ou comment rebondir après la tempête. © En terre inconnue – Jean-Michel Turpin / Bonne pioche
TPC : Pourquoi avoir eu envie de faire de la télévision ?
Frédéric Lopez : Ça m’a toujours fait rêver. Dès mes premiers pas à Paris, plutôt que de courir à la Tour Eiffel, je suis allé voir Cognacq-Jay, les studios d’enregistrement de l’époque (rires). Au collège, j’aimais écrire. Alors pourquoi pas écrivain ? Mais le côté mec solitaire n’était pas pour moi. J’ai choisi le journalisme. J’avais envie de voir le monde. De m’extraire d’un milieu modeste et d’une ambiance familiale étouffante. Je n’aimais pas me sentir exclu. L’idée que quelque chose soit inaccessible à certains m’était difficile à accepter… Avec le recul, je pense que mon besoin de reconnaissance m’a aussi aidé à changer les choses. Intérieurement, je crois que j’ai toujours eu la foi.
TPC : Vous avez connu des coups durs ?
FL : C’est vrai : des périodes de chômage et le placard à plusieurs reprises. Une engueulade avec un des conseillers du président de France Télévisions, à l’époque où Comme au cinéma marchait fort, m’a valu d’être viré par Marc Tessier. Malgré mes demandes répétées de rendez-vous, je n’ai reçu aucune explication de sa part. La traversée du désert, les gens qui ne vous prennent plus au téléphone, les bagarres pour proposer vos idées, je connais ! Je ne compte plus les gens qui vous disent « ça ne marchera pas ». J’ai eu la chance de ne pas tomber dans l’aigreur. J’avais tellement vécu de choses incroyables depuis le début. Et puis, quand on a le sentiment de vivre une injustice, je n’oublie pas que personne ne nous oblige à faire ce métier.
TPC : Vous avez mené un travail de remise en question ?
FL : Une psychanalyse, par exemple. Il faut une sorte de courage pour se lancer, mais pour moi les résultats ont été spectaculaires. Ces rendez vous, je les vois comme des pauses sur une plateforme pétrolière, en pleine tempête. À présent, je me sens délesté de pas mal de casseroles et de complexes. Je connais mieux mes points faibles, et je les accepte. Je réalise que mon ego s’est déplacé. Avant je voulais être un bon présentateur. Maintenant faire aboutir mes idées d’émissions est la plus grande de mes satisfactions professionnelles…
TPC : Pourquoi s’exposer comme vous le faites alors que vous êtes sensible au regard extérieur ?
FL : Le monde de la télévision est un univers souvent irrationnel. Jouer sa carrière, en un soir, sur un chiffre d’audimat, c’est extrêmement violent. Aujourd’hui j’accepte facilement l’idée que l’on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais le besoin d’épater la galerie persiste encore. C’est un moteur, et c’est certainement pour ça que je continue ce métier (rires). Sauf que j’ai plus de discernement qu’avant. Ce qui a changé ma vie, c’est que désormais je divise le monde en deux. Il y a ceux qui sont heureux pour moi : les bienveillants. Et puis, il y a les autres : les gens toxiques, que je ne les vois plus !
TPC : Vous arrivez à vous projeter hors de l’univers télévisuel ?
FL : Ce que je ferais en dehors ? Monter un resto par exemple. Parce qu’il faut réunir des talents comme un producteur de télévision : choisir le bon chef, sélectionner les meilleurs serveurs, le décorateur… L’exigence à chacune des étapes : je trouve ça excitant. Mais de toute façon, je sais que je peux être heureux et m’éclater dans beaucoup de métier. Il y a les métiers qu’on choisit et ceux qu’on subit. C’est évidemment la deuxième catégorie qui m’attire.
A suivre, les conseils de Frédéric Lopez pour changer de vie