L’Express publie un dossier complet sur les toqués de bouffe. Ceux qui troquent leur métier contre la chaleur des fourneaux ou la pierre des moulins. Certains changent même de région pour réaliser leur projet.
Qu’ils soient cuisiniers, producteurs ou artisans fraîchement reconvertis, la plupart le clament haut et fort: s’ils se sont engagés dans cette voie, c’est par amour du bon produit. C’est en Provence que Patrick et Chantal Ochs ont découvert leur passion. « On y est tombés fous amoureux de l’olivier! » Tandis qu’elle dirige une société d’études et de prospective pour des groupes internationaux, lui est enseignant-chercheur.
Tous deux partagent leur temps entre Paris, Montréal et Strasbourg. À leurs trois enfants incrédules, ils déclarent: « Quand vous serez tirés d’affaire -entendez diplômés et autonomes- on laissera tout tomber pour fabriquer de l’huile d’olive. » Aucun d’entre eux ne les a cru. Aujourd’hui, après dix ans de plantation et de culture dans la Drôme, ils s’occupent seuls de 1500 oliviers. Leur dada: produire qualitatif et gustatif.
« Aucun regret. Vivre au milieu des oliviers est extraordinaire! », témoigne Patrick. Nouvelle étape pour eux désormais: la création de leur propre moulin. Composé de pièces en inox et d’une meule de pierre pour écraser l’olive en douceur, il allie le savoir-faire ancestral aux techniques modernes. Il n’en existe qu’une poignée dans ce genre en France.
« Ce projet correspond bien aux types de motivations de ceux qui se reconvertissent dans l’alimentaire en choisissant de s’implanter dans une nouvelle région: s’intégrer à un terroir tout en apportant une plus-value », explique Françoise Perriot, auteure de De la vie à la campagne, le choix d’une vie. S’appuyer sur l’existant sans le dénaturer.
Sortir du consumérisme à outrance
« Ces reconversions répondent souvent à un désir de sortir du consumérisme à outrance et de développer des produits sains via des circuits courts de distribution », poursuit-elle. Objectif: produire naturel et à proximité. « C’est une sorte de mouvement global, analyse Marie-Laure Fréchet, journaliste spécialisée en gastronomie, et plus encore depuis la crise de 2008, qui pousse certains actifs à vouloir s’extraire d’un monde perçu comme complexe et s’orienter vers des métiers plus concrets, en prise avec le réel ou avec les autres. »
C’est aussi parce qu’ils sont « moins à l’aise dans leur vie professionnelle qu’ils décident de la remettre en cause un jour ou l’autre », argumente François Moutot, directeur général de l’APCMA (Assemblée permanente des chambres des métiers et de l’artisanat).
À cela s’ajoute l’effet loupe de la télévision et des succès d’émissions dédiées à la cuisine. « La cuisine est devenue un sujet majeur comme l’a été la mode dans les années 1990 », note la journaliste. La starisation des Ducasse, Lignac et autres chefs médiatiques ou de pâtissiers et bouchers tels que Pierre Hermé ou Yves-Marie Le Bourdonnec donne encore plus de visibilité à ces métiers.
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Intéressant, vivement que le label « fait maison » s’invite dans nos restaurants pour récompenser les restaurateurs amoureux des produits du terroir.