À l’instar d’autres blogueurs et blogueuses, je m’étonnais dans un récent billet que Françoise Gri, femme et dirigeante de Manpower, soit présentée sur son blog comme « Président » et non « Présidente » de l’entreprise. Suite à ces réactions, elle a finalement décidé de changer le genre de sa fonction.
On peut lire sur son blog : »Quelques billets et commentaires (…) s’étonnent que figure sur la bannière de ce blog l’accroche «Président de Manpower ». Il me serait trop facile pour répondre de m’appuyer sur la seule position de l’Académie française qui précise que « seul le genre masculin, qui est le genre non marqué (il a en effet la capacité de représenter les éléments relevant de l’un et de l’autre genre), peut traduire la nature indifférenciée des titres, grades, dignités et fonctions. » Plus loin, elle poursuit : « Par ailleurs, ayant fait l’essentiel de ma carrière dans des sociétés internationales, où ces questions de force symbolique de genre grammatical n’existent pas, je n’imaginais pas soulever tant d’interrogations, et parfois même de récriminations… ».
Un exemple à suivre
Suite à ces « récriminations » donc, Françoise Gri affiche une nouvelle bannière et précise : « Il me semble aujourd’hui plus simple et plus normal d’entendre ce que les uns et les autres me disent : je vais donc modifier ce « Président » en « Présidente« . Dont acte. On ne peut que se réjouir de cette décision. Je note cependant que si personne n’avait fait preuve de volontarisme sur ces questions, et s’il fallait toujours respecter scrupuleusement la loi sans en dénoncer ses travers, aujourd’hui encore, les femmes n’auraient ni le droit de vote, ni le droit de décider de leur destin professionnel. En outre, je ne crois pas qu’il soit juste de ne se référer qu’à l’Académie française quand, par exemple, les auteur(e)s des travaux sur la féminisation des noms dont le guide est édité par la très officielle Documentation Française soulignent : “Les dénominations au féminin, déjà en progression constante, reflètent l’évolution de la société.” Je maintiens que pour changer les mentalités, c’est à Françoise Gri et aux femmes dirigeantes en général de montrer l’exemple.
Merci Brigitte pour ce message on ne peut plus sympathique et bravo pour tes initiatives !
C’est assez rare de trouver des écrits aussi bien tapés! Encore plus quand c’est un homme qui… parle d’une femme!
J’utilise les métiers au féminin sur mon site http://www.citedesfemmes.com parce que c’est reconnaître leurs places dans tous les métiers qu’elles pratiquent! Une femme reste une femme, même lorsqu’elle réussi à obtenir la fonction autrefois attribuée à un homme…
Bonne continuation, Yves 😉
Merci Lania pour ce message. Je crois, de mon côté, que l’utilisation du féminin quand on parle de femmes exerçant fonctions ou métiers peu fréquents pour elles permet de changer les représentations. C’est un des moyens pour que les femmes se projettent plus facilement dans des postes où elles sont encore peu présentes. Une manière de montrer qu’hommes et femmes peuvent tenir des rôles bien différents de ce qu’on imagine à priori et occuper des places beaucoup plus variées qu’aujourd’hui.
Pour répondre à votre dernière remarque « apprendre aux hommes à parler et qu’il existe autre chose que les coups pour se défouler ou s’opposer. La parole. » Je crois justement que nous sommes dans la reproduction d’un stéréotype. Même si les choses bougent (doucement), la parole telle que vous la préconisez reste malheureusement une posture féminine pour la plupart d’entre nous. Je vous rejoins, pour faire bouger les choses, il y a un travail à mener auprès des hommes.
Je serai le premier commentaire : j’étais d’accord avec elle. Par exemple, je ne supporte pas le mot auteure. Question de rythme. Mais je fais comme elle, car en effet on ne peut freiner les évolutions. Et je n’ai pas envie que ma fille (20 ans) me traite de ringarde. Je pense que le sort des femmes n’a jamais tenu à la dissociation masculin-féminin. Aujourd’hui face à la violence qui naît et à laquelle participent les jeunes femmes je me dis qu’en 68, nous avons manqué quelque chose : apprendre aux hommes à parler et qu’il existe autre chose que les coups pour se défouler ou s’opposer. La parole.