Devenir enseignant, c’est se préparer à être polyvalent dans ses savoir-faire et ses savoir-être et multiplier les fonctions : à la fois animateur, assistant social, chef de projet, coach, concepteur, éducateur, formateur, gendarme, infirmier, médiateur, psychologue, secrétaire, surveillant. A l’occasion de la sortie du livre Souffrir d’enseigner: faut-il rester ou partir ? de Rémi Boyer et José Mario Horenstein, toutpourchanger.com s’intéresse à la reconversion des enseignants.
Le professeur, au quotidien, doit intéresser, motiver, encourager des élèves de différents âges aux personnalités distinctes, tout en apprenant à gérer les multiples sources de tensions inhérentes à son métier : incivilités et agressions verbales (parfois physiques), relations de proximité avec les parents d’élèves, multiplicité des taches administratives s’ajoutant aux heures d’enseignement, préparation de cours et corrections de copies. Enseigner, c’est aussi prendre plaisir à ce que l’on fait, en mobilisant l’attention de ses élèves, en éveillant leur curiosité d’esprit, en se sentant utile pour des esprits en pleine croissance, en s’adaptant à chaque personnalité, en ménageant les susceptibilités des uns et des autres, en apprenant à réagir positivement aux imprévus, en pratiquant différentes formes de pédagogie selon le degré de difficulté des élèves face aux exigences des programmes officiels de la (ou des) disciplines(e) que l’on enseigne.
Tous les étudiants ne sont pas préparés psychologiquement et suffisamment tôt à toutes les exigences et aux aléas de ce métier, qui s’apprend avant tout sur le terrain, dans les classes, dans cette relation de travail et de confiance que chaque enseignant nouera avec ses élèves.
Se préparer à exercer un métier difficile
Pour celles et ceux qui pensent y rester toute leur vie, le métier d’enseignant expose selon les aléas des affectations à de nombreuses difficultés contre lesquelles il faut apprendre très tôt à se protéger, pour éviter d’avoir à en souffrir psychologiquement, voire physiquement :
– L’affectation non désirée peut être source de frustrations et de difficultés.
– L’idéal personnel en entrant dans ce métier peut être rapidement affecté face à la réalité des conditions de travail vécues dans l’enseignement.
– Si vous n’avez pas été bien formé dès l’entrée dans ce métier, si vous n’avez pas les bons réflexes, les bonnes méthodes, votre estime de soi en sera rapidement atteinte.
– Enseigner peut être source d’isolement. Il est très important dès le départ que vous appreniez à travailler en équipe, pour éviter de faire l’objet d’un manque d’acceptation dans le collectif, source de souffrances.
– Si vous manquez d’autorité naturelle, si la relation avec des groupes de 30 à 40 adolescents réunis en un même lieu pendant une heure de cours vous fait peur, ne devenez pas enseignant. Le manque d’autorité découle souvent sur des problèmes de santé.
– La relation parents-profs est source de nombreuses tensions, qui se multiplient à l’heure du numérique, quand il s’agit de répondre aux mails des parents d’élèves, qui peuvent mal interpréter ce que vous avez souhaité leur répondre. Parfois, la communication entre enseignants et parents s’étiole, et se termine au tribunal, car les parents portent plainte contre vous.
– Si vous craignez la relation d’autorité avec un supérieur hiérarchique, si vous craignez de faire l’objet d’un harcèlement moral au travail, si vous vous sentez fragile psychologiquement, ne devenez pas prof : installez-vous plutôt à vitre compte.
– Le métier d’enseignant s’est complexifié depuis une dizaine d’années, avec la multiplication des taches dans la vie professionnelle, source de surcharge de travail. Ceux qui ne sont pas profs imaginent toujours à tort que vous êtes un « fainéant » car vous n’enseignez « que » 15h (agrégé) ou 18h (certifié), alors qu’il s’agit uniquement du nombre d’heures de cours, avec un temps de préparation qui varie du double au triple selon les disciplines et vos années d’expérience.
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Souffrir d’enseigner: faut-il rester ou partir ? – Rémi Boyer et José Mario Horenstein, Memogrames / apresprof.org.
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Tout métier à ses difficultés.
Un point important est la contrepartie à toutes ces difficultés, et entre autres le salaire.
Dans le cas du métier d’enseignant, il semble y avoir de nombreuses difficultés pour une faible contrepartie…
Julien