La question du changement, du mouvement, est très marquée dans notre société. C’est Jean Viard, socioloque, directeur de recherche et auteur de Nouveau portrait de la France : La société des modes de vie qui le dit dans la longue interview accordée au quotidien Libération le 25 février dernier et titrée « Il vous reste en gros 400 000 heures pour vivre ».
Il évoque notamment la notion de mobilité : « On vit désormais des séries de vie. Avant, on pouvait dire que l’on avait réussi sa vie lorsque tout le quartier se pressait à l’enterrement. Aujourd’hui, ce qui est important, c’est de pouvoir raconter cette vie ». Toutpourchanger.com reprend ici un extrait clé de l’interview.
« Donc des Français heureux et qui bougent… » interroge Fabrice Drouzy et Béatrice Vallaeys, les journalistes du quotidien.
« La mobilité, c’est une culture, pas un geste physique. On change de partenaire sexuel, de rapport aux normes, de relation à la distance grâce notamment à la télévision. La mobilité, c’est l’art du changement permanent. On mesure aisément les traces de la mobilité sur le territoire. Passons sur les migrations nord-sud, le rôle du TGV. La discontinuité des pratiques sociales est la règle de nos sociétés. On vit désormais des séries de vies. Avant, on pouvait dire que l’on avait réussi sa vie lorsque tout le quartier se pressait à l’enterrement. Aujourd’hui, ce qui est important, c’est de pouvoir raconter cette vie : «Il a travaillé à Libé, après il a fait un élevage de chèvres, il a trouvé une nana absolument géniale, puis il a été cinq ans en couple homosexuel – on n’aurait jamais cru ça de lui.» Du coup, tout ça devient passionnant. Au risque d’insister, avant, on faisait l’amour 1 000 dans sa vie. Maintenant, c’est 6 000 ! Et si vous le faites 6 000 fois de la même manière, ça devient ennuyeux à mourir. D’où les films érotiques, les pratiques différentes, les aventures…
En politique aussi, les gens sont devenus des zappeurs permanents. Plus la vie est longue, plus elle est faite de séquences. On change de partenaire sexuel tous les huit ans ; 53% des bébés naissent hors mariage ; 61% des électeurs ne travaillent pas dans la commune où ils habitent. Tous ça représente des indicateurs de la mobilité.
La culture de la mobilité a remplacé la culture de la sédentarité de nos grands-parents. Autrefois, jusque dans les années 50, les gens faisaient 5 km par jour en moyenne. C’est toujours la distance moyenne en Afrique, dans les pays pauvres ou dans certaines banlieues. On en fait aujourd’hui 45, avec d’énormes disparités : durant son mandat, Nicolas Sarkozy en parcourt 700 quotidiennement, et les mômes au pied de leur immeuble sont restés à 5. On est entré dans un monde mobile définitif. On aura toujours des nouvelles d’Asie, de Chine.
Jadis, la mobilité, c’était de voir ce qui se passait ailleurs et l’on venait ensuite raconter ce que l’on avait vu. Ce schéma a perduré jusqu’aux années 60-70. Maintenant, rien n’augmente plus vite que les voyages internationaux. On est passé de 700 millions à 1 milliard de vols en cinq ans. Et l’Asie ne fait qu’entrer dans le film. »
Retrouvez l’intégralité de l’interview sur le site de Libé
ayant travaillé pendant 10 ans comme employée de maison, suivie d’aide à domicile , ce qui m’a entrainer des problème de santé et donc m’ oblige à me reconvertir .
Cependant je cherche la voix qui me conviendrais.Merci de m’aiguiller