Peut-on devenir un paysan lorsqu’on vient de la ville et qu’on n’y connaît rien? De plus en plus de citadins relèvent le défi de réinventer les modèles agricoles dans des projets à échelle humaine, respectueux de l’environnement et des paysages. Et ça marche! Même si la fortune n’est pas toujours au rendez-vous. Dossier publié dans le hors-série de L’Express Quitter Paris.
« Heureux ! » C’est le cri du coeur de deux quadragénaires, Séverine Marin, ex-chargée de communication devenue éleveuse de canards entre Sarlat et Périgueux et Jean-Paul, son mari contrôleur des impôts. Ces deux-là ont opéré le grand virage après avoir d’abord vécu en région parisienne puis à Lyon. « J’ai ensuite décroché un CDD de trois ans à Roanne dans une collectivité locale, raconte-t-elle. A l’issue de mon contrat, je me suis dit, c’est le moment ou jamais de changer de voie. »
Mais la décision ne s’est pas prise du jour au lendemain. « Au départ, je pensais ouvrir seule une boutique de produits fermiers, poursuit-elle. Finalement, comme on gavait déjà nos propres canards pour les transformer en rillettes et en confits, on a eu tous les deux envie d’en faire notre activité principale. »
Leur exploitation, Au roi canard, a vu le jour en mai 2013 lorsque son mari a démissionné de la fonction publique. Leur projet aboutit rapidement malgré les réticences des banques. « Elles sont tellement frileuses avec ceux qui s’installent hors cadre familial que j’ai fini par dire au conseiller : »Mon oncle a élevé des poulets, ça compte ou pas? » », plaisante-t-elle.
Pourtant, Séverine et Jean-Paul sont loin d’être uniques en leur genre. « La vraie nouveauté du monde agricole, c’est que ceux qui s’installent sont de moins en moins souvent enfants d’agriculteurs, explique Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire, et chargé du dossier « installation » au niveau national. Un tiers démarre hors cadre familial. »
Des projets innovants
« De plus en plus de consommateurs veulent acheter des produits sains provenant de circuits courts, confirme Claire Lelièvre, directrice adjointe du magazine Village. Cette demande croissante contribue à attirer des profils nouveaux, souvent urbains, vers le secteur agricole. On voit ainsi s’amplifier le flux d’installations autour de projets innovants de taille modeste, comme les activités de maraîchage qui ne nécessitent qu’une petite surface pour se lancer. »
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