Retourner dans son entreprise et reprendre ses missions après une longue interruption, ça se prépare. Conseils pour repartir du bon pied.
Photo by Sarah Pflug from Burst
« En temps partiel thérapeutique après un arrêt de 18 mois, je suis revenue dans l’entreprise où je travaille depuis 11 ans, mais petit à petit, témoigne Magali. D’abord un jour par semaine, puis deux. Les tâches ont évolué, le poste a été aménagé en tenant compte de mon problème à l’épaule. » Grâce aux rapports qu’elle entretient avec sa responsable, tout se met facilement en place. Mais c’est souvent plus compliqué. Beaucoup de personnes ayant eu un cancer estiment ne pas avoir retrouvé leur place lors du retour à la case boulot. Reprendre le travail est une seconde épreuve après le combat contre la maladie. On s’est concentré sur le cancer et lorsque les traitements aboutissent, la place au travail refait surface avec son lot d’angoisses. Vais-je réussir à reprendre ? Avec quels moyens ? D’autant que les personnes méconnaissent les solutions existantes.
Faire face aux changements
Si la plupart affirment avoir eu des trajectoires professionnelles continues d’emploi après le diagnostic du cancer. Néanmoins, un événement aussi majeur marque une rupture. Le travail permet de tourner la page mais ça n’est pas si facile qu’après une grippe ! D’autant que la plupart du temps, l’entreprise a changé d’organisation, d’outils ou de hiérarchie. On atterrit alors dans une structure avec laquelle il faut se familiariser. Séverine, professeure d’arts plastiques a lutté pour ne pas rester en arrêt trop longtemps. « Malgré cela, la reprise n’est pas si simple. J’ai du mal à m’y retrouver car il y a eu des modifications. Je dois poursuivre ce que ma remplaçante a initié. Heureusement, je n’ai pas perdu pied en venant régulièrement sur place. » Avantage : rester en contact avec ses collègues incite au soutien et à la bienveillance.
Anticiper le retour
Pour renouer avec sa vie professionnelle et faire en sorte que cela se passe au mieux, le salarié doit se préparer très en amont avec son employeur et les ressources humaines. Illustration : Pascaline, formatrice, a convenu avant son retour qu’elle devait évoluer vers un job de coordinatrice. « Puis au deuxième cancer, comme la maladie a fait de moi quelqu’un de tenace, on m’a proposé un poste de cadre. » Cette redistribution des missions s’est envisagée dans la concertation. Pour que tout le monde ait conscience de l’importance de la démarche, ce type de décision doit faire l’objet d’une information auprès de tous les collaborateurs. C’est déterminant pour la suite. Pour s’opérer avec sérénité, la reprise peut s’organiser progressivement, via un temps partiel thérapeutique, en fonction de ses soins et jusqu’à pleine récupération du salarié. Autre solution, l’aménagement de poste qui nécessite un accord de principe de l’employeur. Il s’organise en fonction de vos capacités, envies et limites : télétravail, poste de jour au lieu de la nuit, moindre déplacements ou adaptation technique du poste. Tout est possible. Initiez la démarche au plus vite en sollicitant le médecin du travail.
Visite de pré-reprise
Comme les démarches prennent du temps, demandez-la le plus tôt possible auprès du médecin du travail, tenu au secret professionnel. L’Objectif est d’analyser la situation et d’identifier les difficultés éventuelles et conditions de retour en fonction de l’état de santé et du poste occupé. Réalisée en présence d’un assistant social de l’Assurance maladie, elle permet de définir les aménagements (horaires, matériel, missions, etc.). Une seconde visite obligatoire sera planifiée dans un délai de huit jours après la reprise pour vérifier l’aptitude à répondre aux tâches.
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