Bye bye, les petits ont grandi… quand les enfants s’en vont

Premier jour d’école : votre bout de chou pleure à chaudes larmes à l’idée d’être séparé de sa môman. Ce n’est qu’un début. D’éloignement progressif en prises d’autonomies successives, voici que l’instant tant redouté arrive : votre enfant vous abandonne pour construire sa vie. Il vous laisse seul, ou à deux, avec seulement vos yeux pour pleurer… 
Photo by Matthew Henry from Burst


Michel, 47 ans, sort depuis quelques mois beaucoup plus tard du bureau. De 19 heures à 20 heures, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, un casque sur les oreilles, il donne l’étrange impression de parler tout seul. « Je passe mon temps sur Skype en direct avec ma fille, partie s’installer à Londres ! », s’amuse-t-il. Nouvelles technologies aidant, le départ des enfants à l’âge adulte du cocon familial est moins ressenti par les parents comme un déchirement. Sylvie, la compagne de Michel, communique au moins une fois par jour avec sa fille par texto, « et remercie cette étape qui [lui] permis de se mettre enfin aux e-mails et à Internet. » Parents d’aujourd’hui, réjouissez-vous ! Garder le contact avec votre progéniture partie ailleurs construire sa vie est un jeu d’enfant ! Attention à ne pas surveiller pour autant leurs moindres faits et gestes. Un vrai problème pour les parents qui veulent souvent garder une certaine emprise sur leurs enfants. Grave erreur. Comme le résume Anne Shapiro-Niel, autrice de l’ouvrage Quand les enfants partent, « si on fait des enfants c’est avant tout pour qu’ils se trouvent une place dans la vie ». Autrement dit, dans l’intérêt des deux parties, mieux vaut leur laisser la place de s’épanouir. Et c’est bien souvent là que le bât blesse. Confrontés à un puissant sentiment d’abandon, nombreux sont les parents qui tentent coûte que coûte de conserver un ersatz de cordon. Petits billets glissés au creux de la poche, dépannages récurrents pour le loyer… « Ce sentiment de compenser l’absence par le don est très fréquent », explique Anne Shapiro-Niel. Vos enfants, eux, ne demandent peut-être qu’à voler de leurs propres ailes…

On va s’en remettre

À la décharge des parents envahissants, difficile parfois d’accepter l’idée de se retrouver seul face à soi-même ou à son conjoint. Contrairement à son époux Jean-Marie, Martine, 53 ans, a par exemple du mal à surmonter le cap du départ prochain de sa fille. « Inconsciemment, quand je fais son lit, sa chambre, je me dis que je suis encore un peu utile. » Problème : cette envie de conserver une place de parent protecteur va souvent à l’encontre du désir d’émancipation des enfants. « Je sais que ce n’est pas un service que je lui rends, poursuit Martine, mais c’est plus fort que moi : je l’ai eue dans le ventre et je dis non ! » Incapables de se raisonner, les parents ? Pas envie de se retrouver confrontés à l’idée du temps qui passe ? De l’âge qui avance ? Tant que les enfants sont là, on n’est pas tout à fait vieux, non ? « C’est clair que ça te renvoie à ton parcours perso », reconnaît Michel. Et tout le monde n’a pas forcément envie de jeter un regard en arrière sur sa vie. Et si on devenait adultes, nous parents ? Comme le souligne Michel, « cette quête d’autonomie incarne une étape marquante, c’est évident. Pas question pour autant d’en faire un psychodrame. » Dont acte. Puisque le départ des enfants est inéluctable, mieux vaut en prendre son parti. C’est le moment de les aider à s’émanciper grâce à une mutuelle santé et à quelques moyens de les protéger en attendant leur envol total. Et les parents, une fois le premier choc passé, constatent avec joie qu’un univers des possibles s’offre à eux. Martine est d’ailleurs la première à le reconnaître : « Je ne me suis jamais trop occupée de moi. Ça va me donner du temps. J’ai déjà commencé à me maquiller, par exemple, et j’écoute mes problèmes à moi. » Hors de question pour Martine de rester à longueur de journée chez soi en se lamentant sur son sort de pauvre parent abandonné. Ce ne serait rendre service à personne. 
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