Un homme sage-femme, ça existe. toutpourchanger.com l’a rencontré. Dans la première partie, Bruno, un quarantenaire ingénieur hydraulicien, raconte son désir de reconversion. Il nous livre ici tous les secrets de son changement.
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C’est décidé, Bruno a décidé de devenir sage-femme. « Sur le plan familial, il a fallu faire avaler la pilule ! Aujourd’hui encore mes parents ont du mal à comprendre mon choix. J’ai choisi de l’annoncer assez tôt à mon employeur, de manière à pouvoir m’ouvrir des droits auprès du Fongecif. » Le Fonds de gestion du congé individuel de formation se montre pourtant sceptique. Difficile d’imaginer un ingénieur, pourvu d’un bon salaire, prêt à reprendre des études difficiles pour exercer un métier moins rémunérateur. Autre point qui rebute l’organisme : en choisissant de soutenir Bruno, ils renoncent à financer trois personnes vu le montant de son salaire. Enfin, à Grenoble l’accès aux études de sage-femme se fait en validant la première année de médecine. Un peu hasardeux…
Conviction…
Mais une autre solution s’offre à Bruno : tenter le concours de l’école de Lyon, accessible dès la sortie du bac pour la toute dernière fois avant une harmonisation des formations. Il s’inscrit alors au Cned, (Centre national d’études à distance) et révise son concours tous les soirs après le travail, de 21h à minuit. Après une année de bachotage, sur les 800 postulants, 40 sont retenus, Bruno en fait partie. Une nouvelle carrière s’ouvre à lui !
Fort de son admission, Bruno frappe à nouveau à la porte du Fongecif, qui commence par refuser son dossier. Trop cher ! Entêté et motivé, il y retourne et propose d’être payé moins que son salaire, ou d’être financé seulement une des deux années prises en charge par l’organisme, à hauteur de 90 % de son salaire d’ingénieur. C’est validé. « Je n’ai pas ficelé mon plan de financement dès le départ, chaque année était une nouvelle étape à franchir. » Après les douze premiers mois d’études, il négocie son licenciement avec son patron. Ainsi, son dossier est pris en charge par le Pôle Emploi et évite de se retrouver sans ressources. Sa formation étant jugée « prioritaire », signe qu’il manque de main d’œuvre dans cette branche, le Pôle Emploi accepte même de financer les trois années de formation restantes.
et ténacité
Mais un grain de sable se glisse du côté de la formation : « je suis tombé dans une école dont les méthodes infantilisantes et dignes d’une autre époque étaient destinées à accueillir des jeunes fraîchement sortis du bac. Aucune confiance, aucune souplesse, ils ne prenaient pas en compte le fait que j’étais adulte et parent, avec contraintes. C’était invivable. J’ai demandé mon transfert à l’école de Grenoble, qui l’a refusé puisque les conditions d’accès étaient différentes. Je n’ai pas lâché pour autant : j’ai mis mes études entre parenthèses pendant un an ; une année pendant laquelle j’ai exercé à nouveau mon métier d’ingénieur en libéral, tout en maintenant régulièrement la pression sur l’école de Grenoble pour qu’ils m’acceptent. Ils ont fini par craquer ! »
Ne jamais lâcher prise !
Au moment d’entrer en deuxième année à Grenoble, Bruno a une mauvaise surprise : sa formation n’est plus prioritaire pour le Pôle Emploi… qui du coup, ne finance que deux années sur trois. Remonté, Bruno reprend son lobbying, mais auprès du directeur de son agence Pôle Emploi cette fois-ci ! Une action qui payera après ce forcing: l’administration finit par lui accorder le financement de la dernière année d’études à titre exceptionnel.
Sage-femme diplômé depuis trois ans, Bruno ne regrette pas son choix. « J’aime l’adrénaline de la salle d’accouchement, j’ai vraiment trouvé dans ce métier tout ce que je recherchais. Il y a tout de même un bémol : sur le plan financier, le métier ne paie pas. Gagner 1 700 euros par mois pour une profession médicale dans laquelle on fait naître ou on réanime des enfants, ce n’est vraiment pas cher payé. Je continue à faire un peu de consulting en tant qu’ingénieur (ndlr : un fonctionnaire peut exercer une activité annexe – sous le statut d’autoentrepreneur par exemple – après avoir demandé une autorisation à sa hiérarchie). Mais je préférerais faire des gardes supplémentaires dans d’autres hôpitaux de la région. Pour l’instant je n’en trouve pas. » En attendant que sa situation évolue, Bruno s’est donc fabriqué une double vie professionnelle des plus insolites !
Marjolaine Koch
Bonjour Reclouze.
Après toutes ces années est tu devenu sage femme ?
Si ce n’est pas indiscret, de quelle école d’ingénieur sortais-tu?
merci !
Elsie
Admirable. Tout mon respect pour cette ténacité de réaliser son chemin.
Bonne continuation.
Ir Jacques Remy
Tous ces exemples de reconversion sont très intéressants. Ingénieur hydraulicien vers sage femme, chapeau bas. Un point important sur lequel il faudrait insister dans les articles, ce sont les étapes à franchir pour y arriver mais SURTOUT les difficultés après…..J’étais également ingénieur (electronicien) et je suis aujourd’hui boulanger. L’aspect changement et période de formation est le côté agréable du projet. Après, quand on travaille et surtout quand on veut s’installer à son compte, ça devient plus délicat. Un vrai parcours du combattant. Mon message ici, est qu’il faut essayer de rencontrer ceux qui ont non seulement franchi le pas, mais sont allés au bout ! Et vous verrez, qu’après discussion, 90% des candidats au changement ne tenteront pas l’aventure, sauf inconscience (il en faut), passion (indispensable) et détermination (qui vous menera au bout).
La partie activité en elle même est (quasient) la plus facile. La partie entreprise est beaucoup plus complexe. Personne ne vous attend. Vous êtes seul, même si on dit partout de se faire accompagner. ça c’est la
(suite)….ça c’est la théorie. Concrètement, oui, il y a des aides, mais ceux qui »aident » (même ceux qui sont payés pour cela) ne suivent pas forcément le projet de façon rigoureuse. Et je ne parle pas des banques qui ne prennent aucun risque, et dont les publicités pour la création/reprise d’entreprises sont une véritable honte. Sur le papier, tout semble possible. Concrètement, rien n’est faisable (sauf à vendre son âme au diable). En résumé, faites vous conseiller oui, mais restez maitre à bord (il faut quasiment en savoir plus que celui qui vous conseille, j’exagère à peine) et suivez votre projet de façon extrêmement rigoureuse. Il y aura des vagues, de la houle, des courants et des tempêtes, mais gardez le cap et ne lâchez rien. Bon vent!
bjr, je suis maman de trois enfants et actuellement en congès parental. le métier de sage-femme m’attire depuis toujours mais n’ayant pas de diplôme à part une validation de formation au sein de mon entreprise qui m’à permis de passer directement adjointe, j’aurais voulu savoir comment je pourrais réaliser mon rêve. suis je obliger de repasser un bac scientifique? merci pour vos réponse.
bonsoir,
Moi je suis pédicure podologue et j’aimerais bien me reconvertir en tant que sage femme, à la fac de médecine ils m’ont dit que pour accéder à la première année directement il faudrait avoir un master ! hors moi je n’ai qu’un DE.
Moi aussi j’aimerais pouvoir contacter bruno afin de savoir quelle préparation CNED il a choisi.
Bonjour Emma 🙂
Je voulais savoir ce qu’il en était pour vous et si vous aviez réussi à devenir sage-femme avec votre diplôme de pédicure-podologue ?
Avez-vous trouver des points communs quant à ces 2 professions ?
merci d’avance
Non et ils ne le feront pas car j’ai trois ans à faire et ils n’en financent qu’un. Ils ne prennent donc pas le risque d’investir sur quelqu’un dont ils doutent qu’il puisse aller au bout avec 2 annnées supplémentaires de financement à trouver…
Merci beaucoup pour ta réponse si rapide et très détaillée !
Est-ce que cela a fonctionné pour toi ? As-tu réussi à convaincre le Fongecif de prendre en charge ta formation ?
Bonjour Faery91,
Depuis l’année dernière il est possible d’intégrer les formations de sage-femme, médecin, pharmacien, et dentiste sans passer par le concours de première année PACES. En tant qu’ingénieur tu pourrais intégrer directement en L2 ou L3 après admission auprès d’un jury. Le dossier (CV + lettre de motivation + copie du diplome justifiant la passerelle) doit etre déposer avant le 31 mars je crois (ce n’est pas trop tard…) auprès de l’école de sage-femme dans laquelle tu souhaites rentrer. C’est elle qui transmettra à la faculté de médecine René Descartes pour l’Ile de France. Si tu veux en savoir plus, consulte le code de l’éducation, article L631-1. Je ne l’ai pas sous la main mais la liste des diplomes permettant d’accéder à ces passerelles ainsi que le niveau (L2 ou L3) y est mentionné.
Bonne chance.
Bonjour Reclouze,
Ingénieur de formation j’envisage également une reconversion, peux-tu m’en dire plus sur cette « passerelle HPST » dont tu parles ?
Merci beaucoup !
je souhaiterais contacter Bruno car je suis exactement dans la même situation. J’ai ete acceptée dans la formation de sage-femme (merci les fameuses passerelles mises en place par la loi HPST!) mais le fongecif a refusé mon financement. Comment les convaincre? Quels sont les arguments qui portent? Merci
Bonjour à tous,
Journaliste tv, je recherche des témoignages de personnes ayant radicalement changé de vie, seules ou avec leur famille. Ces témoignages seraient diffusés dans le cadre d’un reportage télé.
Il y a ici énormément d’histoires intéressantes, fascinantes même, et j’aimerais beaucoup rentrer en contact avec vous, qui avez eu le courage de tout plaquer, pour réaliser un rêve ou tout simplement vous épanouir dans un environnement différent.
Alors d’avance,un grand merci !
Autre information pour tous les intéressé(e)s, un discours a été prononcé le 16 juin de cette année si je ne dis pas de bétises sur la réforme des études de santé. Ce discours stipule en quelles mesures le recrutement sera diversifié dans les prochaines années pour les sages femmes. Dans le cas qui nous intéresse, il est ainsi établit que les titulaires d’un diplôme d’ingénieur auront accès (mais sous quelles conditions? Encore à définir) en troisième année des études de santé dont la première année est commune, soit pharma, médecine, ondotologie et sage femme. Plus d’infos sur le site : http://www.enseignementsup-recherch…
Je pense que ça peut aider certains, d’un point de vue scolarité, réorientation, mais pas d’un point de vue financement d’une seconde manche d’études…
Merci pour ce témoignage, malgré les embuches, le jeu en vaut vraiment la chandelle. Se reconvertir d’ingénieur en sage femme, c’est aussi un rêve que j’aimerai pouvoir réaliser…
Encore merci pour le témoignage!!
Pour gwladana : appliquer ses compétences d’ingénieur à l’art c’est possible. Bien sur ce ne sera jamais juste de l’Art pur mais à Grenoble par exemple, il existe dans une école d’ingénieur un master Arts Sciences et Technologies qui permet d’orienter ses compétences dans ce domaine… tout en restant ingénieur ou chercheur
Moi aussi je suis ingénieur, et je ne m’y plais pas du tout. Comment faire comprendre autour de nous qu’on est prêt à lacher son bac plus 5 (ou plutôt ses bac +5 car j’en ai deux) et son salaire pour faire autre chose.
Mon souhait, un métier d’art…
Pour l’instant j’ai lâché à mi-temps mon métier, à coté j’enseigne (en école d’ingénieur) et … je peins http://gwladysthielland.blogspot.co…
que va dire le fongecif quand je vais leur dire que je veux faire un bts gestion d’espace ???
Sev’ : C’est vrai que ça semble laborieux. Il faut s’accrocher pour atteindre un objectif aussi ambitieux. Mais à lire ce témoignage, ça vaut le coup non ?
Et si vous ne parvenez pas exactement à réaliser un tel projet, votre cheminement vous mènera ailleurs, peut-être là où se trouve finalement votre place. Qui sait aujourd’hui ?
Continuez à râler 😉 et restez fidèle !
Le portrait de Bruno, le sage-femme, m’a quelque peu découragée… c’est exactement la formation que je souhaitais entreprendre, mais vu le nombre de barrages rencontrés en cours de route, c’est limite une loterie… avec combien de perdants en cours ? bon, j’arrête de râler, promis. Je continuerai à lire votre excellent blog, et à tracer mon chemin, doucement mais surement.