Comment trouver l’idée d’entreprise qui vous ira comme un gant ? Projet passion ou projet raison ? S’il n’existe pas de recette magique, l’expérience montre que deux ingrédients sont indispensables : du bon sens et de l’introspection. On y va ? Marjorie Llombart et Magali Perruchini, autrices de 180° reconversion, réussir le virage de l’entrepreneuriat (Editions Vuibert) livrent leurs meilleurs conseils.
Avant de vendre des slips sur internet, Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français, était chef des ventes chez Bio c’Bon. Son rôle : ouvrir des magasins et recruter les équipes. Cette expérience auprès d’une entreprise qui fait avancer les choses déclenche son envie de monter sa société.
Sauf qu’il n’a pas d’idée. Pour la trouver, il part de son intérêt pour la mode. Suite à un pari avec des amis, il se lance en 2011 en ayant l’intuition qu’Internet va révolutionner ce secteur d’activité et les façons de consommer. Pourquoi les sous-vêtements ? Car le marché est énorme, que le vêtement est petit et léger (donc facile à livrer) et qu’il ne s’essaye pas. L’idée est trouvée ! L’histoire lui a donné raison puisque plus de 800 000 pièces ont été vendues depuis, pour un chiffre d’affaires en 2018 de 20 millions d’euros.
Mais au risque de vous décevoir, il n’existe pas de recette magique pour trouver «THE idea » qui va fonctionner à coup sûr. Pour certains, c’est l’Eurêka inspiré qui tombe droit du ciel. Ces fulgurances sont loin d’être la norme, et demandent de toute façon à être validées sur le terrain. Pour d’autres, une idée de départ en a entraîné une autre et ainsi de suite jusqu’à arriver à la forme définitive. Thomas Huriez, fondateur de 1083, que nous avons interviewé, parle d’une itération d’idées.
Quel que soit votre cas, sachez que tout le monde est capable de générer des idées. Vous y compris. Ce processus porte un nom : l’idéation. Si elles ne viennent pas naturellement, les idées peuvent être générées grâce à des exercices qui stimulent la créativité, l’imagination et l’invention.
DEUX FAÇONS DE TROUVER « THE IDEA »
Une première approche consiste à partir de vous : votre personnalité, vos goûts, vos envies… pour en faire quelque chose d’utile en termes de contribution.
Il s’agit d’aimer d’abord, en vous appuyant sur vos talents naturels, et de renforcer vos compétences ensuite, si besoin. Vous pouvez lister vos centres d’intérêt, identifier vos points forts1 , vos talents et vos compétences puis croiser ces données avec les secteurs d’activité qui vous intéressent pour générer des idées de pistes à explorer. Une session de brainstorming entre amis peut aussi vous aider si vous êtes en manque d’inspiration.
L’avantage ? En tant que fondateur, vous allez être le premier ambassadeur de votre idée. Autant qu’elle vous corresponde car vous allez être amené à en parler de nombreuses fois et être immergé dedans en continu. Inès Leonarduzzi, fondatrice de Digital for the Planet, recommande d’ailleurs d’être « amoureux de son idée pour la maintenir dans le temps ».
Une autre façon de faire pour trouver votre idée de business est de partir des opportunités existantes sur le marché. En plus de répondre à vos critères de satisfaction personnelle, le projet que vous allez lancer doit répondre à un besoin identifié. Vous pouvez combler un manque repéré dans le marché, créer un nouveau besoin (qui se rappelle la vie sans les téléphones portables ?), repérer ce qui complique la vie ou détecter un problème non résolu.
Votre job va ici consister à trouver une façon d’y répondre. En ayant trouvé la solution qui correspond à la fois à vos aptitudes et talents, et aux besoins des utilisateurs, vous aurez votre idée. Cette approche vous demande d’être en alerte, d’observer le monde qui vous entoure, de tendre l’oreille et d’être ouvert aux opportunités. Visitez les salons, faites de la veille sur les secteurs d’activité qui vous intéressent, et adoptez une démarche proactive. L’utilisateur étant placé au centre, il y a peu de risques pour que votre solution ne rencontre pas son marché. Quelle que soit la méthode d’idéation que vous allez utiliser pour trouver votre idée de business, gardez en tête que vous allez ensuite devoir la tester sur le terrain.
ET SI VOUS MANQUEZ D’INSPIRATION ?
Vous pouvez vous associer avec quelqu’un qui a déjà trouvé l’idée. Cela sera de plus utile pour des projets d’envergure ou pour combler des manques en termes de compétences ou d’appétences (tout le monde n’aime pas faire du commercial ou rédiger des business plans). Vous aurez de toute façon intérêt à rencontrer le plus de monde possible pour parler de votre projet. Peu de risque de pillage d’idée, mais gains certains en termes d’aisance à communiquer et de capacité à être challengé (sans perdre de vue votre intuition). C’est ainsi que votre projet s’affinera à chaque fois un peu plus pour gagner en maturité.
UNE MÉTHODE JAPONAISE POUR FAIRE ÉMERGER VOTRE IDÉE
Quelle que soit votre approche, gardez en tête qu’une bonne idée est une idée bonne pour vous mais aussi pour les clients. Elle doit combiner vos désirs et ceux de l’utilisateur. Sans quoi, pas de ventes. Donc pas de profits. Donc pas d’entreprise viable. L’ikigai, concept japonais équivalent à « joie de vivre » ou à « raison d’être », illustre ce point de convergence entre vous et la contribution sociale via votre business :
TOUJOURS PAS D’IDÉE ?
Pensez à la reprise d’entreprise. Il peut être plus confortable de choisir une idée qui a fait ses preuves et qui a tout en place : produit, clients, fournisseurs, structure, équipe, process… Si vous avez un capital de départ, vous gagnerez du temps en reprenant une entreprise clé en main. Vous pourrez même être accompagné du créateur initial selon les cas. Audrey Régnier, que nous avons interviewée, l’a fait avec la manufacture Bohin. Ancienne salariée du dernier fabricant français d’aiguilles à coudre, elle a succédé à son patron qui partait à la retraite.
A lire pour en savoir bien plus !
180° reconversion, réussir le virage de l’entrepreneuriat – Marjorie Llombart & Magali Perruchini – Editions Vuibert.
