La perspective de la retraite fait peur. Que faire d’une vie sans contraintes ? Perturbés par les désordres identitaires liés au changement de statut, les jeunes retraités doivent malgré tout se projeter dans une nouvelle vie. Beaucoup y parviennent.
La fin d’une vie professionnelle s’annonce merveilleuse. Finis le réveil matin, les contraintes, les relations professionnelles usantes, enfin du temps libre pour se divertir, voyager, se promener. Ces quelques mots résument bien l’état d’esprit dans lequel on envisage la perspective de la retraite. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Si certains ne veulent pas renoncer à leur vie professionnelle, d’autres en rêvent, partent en vacances la première année, puis souvent déchantent.
Le grand tournant
On trouve parfois les retraités de son entourage pas très en forme alors qu’ils n’ont pas forcément de problème d’argent et qu’ils sortent d’une vie au travail sous pression, surtout vers la fin. On se demande pourquoi ils peuvent se sentir si mal. Pourtant, c’est normal après un arrêt qui se révèle brutal et violent. Chaque année, 600 000 personnes sortent définitivement du monde du travail selon la CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse). Cette étape se révèle particulièrement perturbante pour beaucoup. On voit même de jeunes retraités passer l’essentiel de leur première année de retraite en pyjama. Cette crise ressentie lors de ce passage fonctionne sur des ressorts similaires à ceux de la crise d’adolescence : l’ado veut voler de ses propres ailes mais a peur de ce qui l’attend. Les futurs retraités se réjouissent souvent de leur future liberté, mais au fond, cela les perturbe énormément car il s’agit d’un véritable remaniement identitaire. Et même pour ceux qui se réjouissent d’avoir le temps de réaliser leurs projets, partir à la retraite ne va pas de soi. Une période de flottement de quelques mois semble le passage obligé.
L’argent, mais pas que…
C’est la première fois dans notre histoire que nous nous retrouvons sans contraintes. C’est un des défis les plus stressants de notre vie puisqu’il oblige à une révolution complète. Souvent soulagés d’en finir avec le travail, les nouveaux retraités se sentent fragilisés face à l’obligation de construire autre chose. Sans compter qu’on ne pense pas toujours à placer pour préparer sa retraite ce qui engendre d’autres problèmes. Mais au-delà des aspects financiers qui inquiètent, aucune image valorisante permet aux nouveaux retraités de se projeter ailleurs. C’est un peu comme entrer dans une sorte de no man’s land dans lequel on perd ses liens sociaux et son identité professionnelle. C’est pourquoi, il faut anticiper afin de réussir ce changement de vie.
