Le discours ambiant, porté en particulier par certains politiques, tourne essentiellement autour de la responsabilité des chômeurs quant à leur situation, et moins sur le contexte, qui pourtant favorise le développement du chômage. En rejetant la faute sur leurs épaules, ils s’exonèrent de toute responsabilité. Au lieu de rejeter la « faute » sur les chômeurs, les pouvoirs publics feraient mieux d’agir !
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Un homme politique qui fait son fond de commerce de pensées populistes menace par exemple d’un service militaire obligatoire les jeunes chômeurs. Une proposition démagogique qui accrédite l’idée que c’est à eux de se débrouiller. Et qui vise à maintenir une sorte d’épée de Damoclès au-dessus de leur tête. C’est aussi une manière scandaleuse de poursuivre l’œuvre de stigmatisation à l’égard des chômeurs qu’il continue à comparer à des assistés. Non seulement, le risque de ne pas décrocher d’emploi chez les jeunes, ou de le perdre pour ceux qui en ont un, génère angoisse et inquiétude, mais qui plus est, tous vivent avec l’idée que s’ils ne s’en sortent pas vis-à-vis de leur situation professionnelle, c’est uniquement de leur faute. En synthèse, s’ils sont exclus du marché de l’emploi, c’est parce qu’ils n’ont pas fait le nécessaire pour s’insérer.
Pointés du doigt
L’image que la société renvoie des chômeurs et le discours ambiant consistent à les pointer du doigt, à les désigner responsables de leur situation. Les accusations ne manquent pas : en particulier, ils seraient tirs au flanc et profiteraient du système. Le regard qui pèse sur eux, du fait de la déconsidération générale dont ils font l’objet, peut avoir des effets dévastateurs. Cela décuple notamment la culpabilité éprouvée et accroît le sentiment d’inutilité aux yeux des proches ou de la société dans son ensemble De quoi stresser plus encore. En conséquence, certains adoptent une posture de repli sur soi. Dans ces conditions, difficile d’appréhender le chômage comme une période faste. Finalement, les plus irresponsables ne sont-ils pas plutôt ceux qui véhiculent les discours anxiogènes et culpabilisateurs et en conséquence, freinent l’aspiration au rebond ?
Libéraliser, Uberiser, précariser…
Plutôt que de laisser reposer la « faute » sur les seules épaules des chômeurs, les pouvoirs publics feraient mieux de prendre à bras le corps cette problématique en mettant en place les moyens d’accompagner les changements professionnels avec comme objectif de contribuer à leur bien-être. On considère que ce sont les actifs qui forment la variable d’ajustement dans un monde du travail en mutation. On parle de réduire toujours plus les contraintes et les règles qui pèsent sur les entreprises à l’égard de leurs salariés. Le monde du travail tend à revenir à des relations contractuelles dignes du XIXe siècle puisqu’une part du patronat revendique le retour à la pratique de missions réalisées au jour le jour et sans engagement de la part de l’employeur comme à l’époque des journaliers ou dit autrement, des tâcherons.
Culpabilité !
Comment envisager sa vie dans ces conditions ? Comment se sentir mentalement disponible pour se consacrer à la construction de son parcours ? Comment se projeter quand le lendemain n’est même pas assuré ? Ce choix de société, puisqu’il s’agit de cela, a de lourdes conséquences pour chacun d’eux. Heureusement, tout le monde ne vit pas aussi mal cette situation et ne se laisse pas plomber par ce contexte défavorable.