Changer de vie, réaliser ses projets, on en rêve tous un jour ou l’autre. Se lancer n’est pas une mince affaire même si le jeu en vaut la chandelle. Réussir son changement se prépare. Explications, témoignages et conseils. La suite… (4)
Comme dans le cas de Sophie, on peut vérifier la solidité du projet en le confrontant au réel. C’est pourquoi une des composantes clés de réussite d’un projet réside dans la capacité à anticiper les obstacles et les problèmes à résoudre. Lassée de la vie parisienne mais pas de son job, Marie, 42 ans, souhaite s’installer à côté de Lyon. « J’ai commencé par me renseigner sur les modes de transport et leur éloignement du lieu de résidence, argumente-t-elle. Je voulais connaître les problèmes concrets qui pouvaient se présenter avant de me décider. » Les questions que Marie se posent : quel personne a fait ça avant moi ? Quelles difficultés a-t-elle rencontrées ? Comment a-t-elle vécu le changement ? Comment s’est-elle adaptée ? Dans cette phase, le pragmatisme s’impose. Tout changement soulève des interrogations en matière d’argent, d’organisation, de temps, de disponibilité… et génère son lot d’angoisses et de découragement. « Attention de ne pas minorer les inconvénients ni de les amplifier ! », s’exclame Gérard Carton. Illustration. A l’issue d’une profonde remise en question, Marc, 46 ans a repris ses études il y a trois ans. Il a emprunté ce chemin avec la bénédiction de sa femme et de ses deux enfants âgés de neuf et sept ans. « Cela s’est décidé dans un parfait consensus, explique-t-il. Mais la réalité a dépassé ce que nous imaginions ». Huit heures de cours par jour, travail à la maison, lecture et nuits blanches consacrées à préparer les cours… Il prend conscience que, pour parvenir à ses fins, il ne peut plus rien faire d’autre. « Je ne pensais plus qu’à ça. Ma femme ne se sentait plus épaulée. D’autant qu’elle me voyait douter de mes capacités à réussir, admet-il. Elle avait face à elle trois personnes à l’école ! ». Pour ménager l’équilibre familial, il était temps que la formation se termine.
Surmonter les obstacles
Même les décisions qui touchent aux vacances et aux loisirs se prennent à deux. Jean-Philippe, 38 ans, a retenu la leçon. « L’année dernière, ma femme ne voulait plus partir en vacances sur la même petite île méditerranéenne comme chaque année depuis trois ans », relate-t-il. Martine s’y ennuyait ferme alors qu’avec leur fils, Jean-Philippe s’éclatait à longueur de journée à faire du surf. Il avoue avoir décidé seul et a pris conscience que cela a généré des tensions. « J’ai eu tort de ne pas tenir plus compte de mon épouse », conclut-il. Attention à votre couple, donc, et plus largement à l’entourage car il joue un rôle central dans la réussite ou l’échec du projet. « La famille se révèle parfois agent bloquant, constate Anne Leguy, journaliste et coauteure d’ouvrages sur le changement. L’instinct des parents peut par exemple les amener à inciter leur enfant à suivre un parcours sécurisé. » « Tu es fou de lâcher une telle situation ! » s’entendent parfois dire les candidats au changement. Un proche peut avoir du mal à accepter que vous progressiez quand lui a le sentiment de stagner. Un autre a le sentiment que vous lui échappez. C’est pourquoi, bâtir son projet requiert beaucoup de discernement. Sachez faire la part des choses et vous appuyer sur les bons interlocuteurs. Bref, clairvoyance et énergie s’imposent pour changer efficacement ! Pour atteindre un but, votre bonne étoile et vos talents ne suffiront pas. « C’est être conscient des mécanismes qui se mettent en place au moment d’entamer son processus de changement qui contribue à surmonter les obstacles ou à lever les éventuels freins », poursuit Gérard Carton. Et Anne Leguy de conclure : « on se fait une montagne à l’idée de changer. Une fois ses propres résistances levées, les portes s’ouvrent très facilement. On se dit alors, si j’avais su que c’était si facile, je l’aurais fait avant ! ».
À suivre…