« Seule dans sa culotte » comme le vantait son précédent spectacle, Elisabeth Buffet assure sur scène en quadra pétée du carafon. Âmes sensibles s’abstenir. Le langage est cru, la gestuelle débridée, voire acrobatique. Mais avant de monter sur scène, elle a commercé pour une grande enseigne de produits culturels. Histoire d’un virage à 180°.
Elle dit des personnages qu’elle incarne, qu’ils lui ressemblent, une célibataire un peu déjantée à la fois distinguée et popu. Quant aux histoires, elles sentent le vécu. C’est d’ailleurs elle qui écrit ses savoureuses aventures. « C’est souvent une femme en quête d’amour mais pas éperdue non plus, précise Elisabeth Buffet. Peut-être même qu’elle se satisfait du célibat et des cuites entre potes. »
« On s’est pris de méchantes gamelles »
Tiraillée comme l’est la génération des 30-40 ans d’aujourd’hui, qui veut autant la liberté qu’un doux foyer. « Je me suis construite à partir des acquis de la libération des femmes mais aussi de l’éducation plutôt traditionnelle reçue par ma mère. » Elle opte pour une école de commerce plutôt que pour une filière de saltimbanque. Plus tard, elle prend des cours de comédie. Se met à coécrire ses premiers textes qu’elle joue en duo. « De l’humour digne de la classe de CM2 ! On s’est pris de méchantes gamelles mais ça nous a permis de monter sur scène et de nous manger des bides ! » En 1998, comme elle manque « de conviction et de niaque », elle décroche un job d’opératrice de saisie à la Fnac. Elle se dit : « enfin des congés payés et du pouvoir d’achat. »
Changement de vie et premiers succès
Au cours des huit années passées dans la célèbre enseigne, elle gravit les échelons jusqu’à décrocher un poste de responsable au service clientèle. « Mais quand ça tenaille, ça tenaille ! » Elle se remet à travailler sur son projet de spectacle, Seule dans ma culotte. Quand elle remonte sur les planches d’une petite salle parisienne, elle conserve dans un premier temps son poste mais passe d’un plein temps à un 4/5e. Puis quitte la Fnac. Repérée par le producteur de Juste pour rire, elle est invitée à rejoindre l’équipe du Moloko à Paris. En 2005, elle décolle pour le Festival Juste pour rire de Montréal. Face à d’autres humoristes, elle sort première de la section 30 minutes pour convaincre. En 2006, elle monte sur les planches du Petit Gymnase puis, l’année suivante, toute une saison au Théâtre de Dix-Heures. En 2008, Florence Foresti l’invite à partager la scène du gala d’ouverture du Festival Juste pour rire de Nantes.
« Aller vers ses peurs »
Pas à pas, elle fait son chemin. « Ça prend du temps, mais j’aime ça. Ça cimente la popularité. » Sans aucun regret d’avoir troqué la Fnac contre le spectacle, Elisabeth Buffet lance : « Aller vers ses peurs, ça grandit. » Ça n’a pas été facile pour ses parents d’accepter ce choix risqué. « Aujourd’hui, il sont rassurés même s’ils trouvent que mes spectacles sont un peu cru. Ma mère rit mais me dit « C’est osé ». Mon père évite de venir de peur d’être choqué. Ils n’ont pas forcément envie d’entendre parler du slip de leur fille pendant une heure et demi ! » Énième éclat de rire.