La perspective de la retraite inquiète. Comment s’occuper sans contraintes ? Anasthasia Blanché, psychanalyste et psychosociologue accompagne depuis 30 ans des personnes et des équipes en situation de changement professionnel ou de transitions de vie personnelle. Elle anime des séminaires de préparation à la retraite. Interview.
TPC : Quelles sont les craintes que partagent les futurs retraités ?
Un sentiment de vertige car ils savent qu’ils vont être seuls maître a bord, ce qui est nouveau pour eux. Jusque-là, l’espace social ou psychique s’articulait autour de leur environnement professionnel. C’est pourquoi les travailleurs indépendants, artisans et commerçants se sentent moins angoissés face à cette perspective. Ils ont fonctionné jusque-là en totale autonomie et n’ont pas été contraints par une organisation. D’autre part, la retraite interroge le rapport à la mort et l’idée de la jeunesse éternelle est mise a mal. C’est humain. Et là, tout le monde est logé à la même enseigne.
TPC : Quels sont les pièges à éviter lors du passage à la retraite ?
Il y a risque de solitude ou de repli sur soi si on perd le sentiment d’utilité sociale qu’apporte souvent le travail. Face à soi-même, on ne peut pas tricher. Cela prend plus ou moins d’intensité selon les personnes ; de la simple désorientation jusqu’à un fort niveau d’angoisse. Par ailleurs, des fragilités peuvent émerger si elles ont été mises de côté pendant des années. Il ne faut donc pas se laisser enkyster par le malaise. C’est pourquoi une préparation en amont est bénéfique pour prévenir des risques éventuels. Certes, il n’y a pas de fatalité à se sentir déprimé ou à faire une dépression une fois à la retraite, mais on ne peut pas lâcher 40 ans voire plus d’une vie marquée par l’identité professionnelle sans être déstabilisé. On doit donc apprendre à rester actif grâce à des activités qui répondent à nos aspirations ou qui donnent du sens à notre vie.
TPC : De quelle manière construire de nouveaux projets ?
Le changement identitaire dû à la retraite oblige à se questionner. Un peu comme dans une démarche projet, il faut appréhender le futur en faisant un travail sur soi et son histoire de vie. On peut par exemple repérer les phases de changement qui ont déjà eu lieu dans notre vie pour savoir sur quelles ressources on s’est appuyé pour les appréhender. Il faut aussi identifier les ressorts d’épanouissement : quelles relations aux autres ? Quelle utilité pour la société ? Etc. Ce bilan permet d’extraire ce qui est positif et de clarifier ses attentes. Il favorise la transition vers d’autres activités : bénévolat, engagement politique, activités de loisirs, reprise de cours à l’université du 3e âge, etc.
TPC : Peut-on mener seul ce type de démarche ?
La capacité d’une personne à vouloir comprendre l’aide à franchir ce passage. On peut aussi échanger avec d’autres retraités ou lire ce que d’autres racontent à ce sujet. La curiosité de chacun détermine la capacité à changer. C’est un rendez-vous unique à ne surtout pas rater.
Bj, je suis un nouveau retraite et ke suis dans l, incapacité de prévenir ce que je devrai faire et je travaillais dans le domaine agricole