Dans un précédent article, Sophie raconte sa prise de conscience rapide : le métier d’ergothérapeute ne lui convient pas. Son projet : devenir notaire. Va-t-elle réussir à changer radicalement de profession ?
Au cours de sa deuxième année de licence, un drame frappe l’étude où Sophie travaille : l’un des deux associés décède. Le notaire restant doit embaucher un autre notaire, il ne renouvelle donc pas le CDD de Sophie. La jeune femme en profite alors pour changer de région et retrouve rapidement un poste de clerc de notaire, en CDI cette fois. Les études se poursuivent toujours en parallèle, et une fois le calme revenu, elle décroche sa maîtrise en un an : déjà 5 ans d’études pour sa reconversion ! « Après ma maîtrise, je cherchais désespérément un moyen d’obtenir mon Master 2 (l’ex-DESS) sans m’arrêter de travailler. Pour moi, c’était impensable de ne pas continuer à étudier et travailler en parallèle, surtout sur le plan financier ! » C’est une collègue qui l’oriente vers une « passerelle », un diplôme universitaire de droit notarial de l’entreprise d’une durée de deux ans, permettant ensuite l’accès au Master 2 sous réserve d’obtenir une moyenne supérieure à 13. Un peu de stress et beaucoup d’heures de travail personnel plus tard, Sophie est admise en M2 et enfin, 8 ans après le début de sa reconversion, elle décroche le sésame : obtenir le droit de s’inscrire au Diplôme supérieur de notariat. Allez, plus que deux ultimes années d’études avant d’être notaire. Enfin presque…
Dernière ligne droite avant la fin
Depuis la rentrée scolaire 2009, Sophie est notaire stagiaire. Pour la dernière étape, l’OPCA profession libérales finance sa formation, mais la dernière ligne droite est intense puisqu’il lui sera impossible de partir en vacances durant deux ans si elle veut tenir le rythme. Comme ses cours se déroulent sur Paris, une semaine sur deux, Sophie se lève aux aurores le vendredi et prend le train pour la capitale. Au programme : quatre semestrialités, droit de la famille, de l’immobilier, des sociétés et actes courants. Il faut valider ces quatre semestres, « et après la formation de deux ans, il reste une ultime étape : il faut rendre un rapport de stage où l’on étudie deux cas pratiques rencontrés sur le terrain. Jusque-là, il n’y avait pas de date limite pour rendre ce travail. Dorénavant la soutenance doit se dérouler avant la fin de l’année suivant celle de l’obtention de la dernière semestrialité. Personnellement, je ne compte pas me laisser trop de temps pour rendre ce travail, je suis sur ma lancée, il vaut mieux garder le rythme tant qu’on l’a ! » Lorsque enfin, le rapport sera rendu et validé, Sophie sera notaire assistant. Et pour être notaire, elle devra soit s’installer en tant que notaire individuel, s’associer, ou bien trouver une place de notaire salarié (qui évite d’avoir à gérer l’étude).
Pas de regrets
Quand elle regarde le chemin parcouru, Sophie ne voit pas un amoncellement de difficultés et un emploi du temps impossible à tenir. Non, elle a continué à avoir des activités en-dehors de son travail et de ses études, même si actuellement les privations se font plus sentir du fait d’un emploi du temps resserré. « Je ne regrette vraiment pas ! J’adore ce que je fais, ce qui me plaît le plus c’est le conseil, discuter de la meilleure solution pour mon client. On rencontre tous les types de personnes, les entrepreneurs, des familles endeuillées, les primo-accédants… il faut avoir une bonne écoute et être à la fois bon fiscaliste et bon juriste. Aux gens qui veulent reprendre une formation mais craignent de ne pas y arriver, je réponds que c’est faux ! Quand c’est un besoin vital, qu’on n’en peut plus du métier que l’on exerce, la motivation est là. » Et avec la devise qui est la sienne, « invictus » (on est le capitaine de son âme), Sophie ne risquait pas de lâcher le gouvernail…
Marjolaine Koch
À noter
Le cursus « classique » de la voie universitaire se fait en 7 ans :
– Licence de droit (3 ans)
– Master 1 et 2 (2 ans)
– Diplôme Supérieur du Notariat (2 ans)
Très inspirant. Ténacité et désir de vouloir aller au bout de son projet. Je suis actuellement dans le même cas. Infirmière mais par pression et je sais que je ne me projette pas dans ce métier. Je vais aussi concilier études et vie professionnelle. En espérant que cela marche pour moi comme pour Sophie.
Bonjour j’aimerais savoir à quel âge Sophie à debuter sa reconversion et à quel âge elleest devenu notaire?
Bonjour, l’histoire ne dit pas si elle a validé ses semestrialites …?
Je souhaiterais également pouvoir échanger avec Sophie, je suis enseignante, directrice d’école et souhaiterais également me lancer dans une reconversion professionnelle…je vois que le parcours est long mais j’ai beaucoup de questions à poser à Sophie en messages privés si possible.
Bonjour!
Je souhaiterais pouvoir contacter SOphie car je suis dans la même situation…
Orthophoniste en pleine reconversion en vue de devenir notaire!!! Grand écart aussi…
J’aimerais beaucoup échanger avec elle, serait-ce possible?
Bravo!
Quel beau parcours et quelle ténacité!
J’hésite actuellement à me lancer dans des études de psychologie.
J’ai 32 ans, je suis formatrice et conseillère à l’emploi mais je ne suis pas totalement satisfaite de mon emploi! Depuis quelques temps, je pense de plus en plus au métier de psychologue mais repartir pour 5 ans d’étude minimum en parallèle d’une activité professionnelle et d’une vie familiale me semble un projet complétement farfelu.
Votre exemple m’inspire beaucoup et me prouve que les reconversion au long cours ne sont pas toutes vouées à l’échec!
Merci